Le Bas-Tikkun
A l'aube du 4000ème cycle, l'avancement du Grand Dessein reste chaotique. Les primordieux sont intervenus pour ramener l’ordre parmi leurs fils, dont les conflits ont pénalisé le Grand Dessein. Les nouvelles institutions des grands chœurs permettent de gérer ces mésententes. Mais ces organisations ont du mal à opérer elles-mêmes, leurs membres allant et venant. Il est difficile de désigner des arbitres neutres et les conflits d'intérêts, ainsi que la corruption, sont légions.
Malgré le chaos, les élohim se sont beaucoup développés. Cette croissance est si forte qu'il devient difficile même pour les primordieux de tenir le compte et de connaître tous les petits royaumes, villes, nids et chorales fondés dans les royaumes. La croissance exponentielle des élohim n'empêche pas la progression des démons, qui semblent grandir au même rythme que les protecteurs de la Création. Les puissances sont devenues de la chair à démon, dont le sacrifice permanent devient insupportable aux autres élohim et surtout à l'Ordre-des-Astres el-même.
L’expérimentation de Sandalphon
Le séraphin Sandalphon, l'un des premiers fils du Porteur de Lumière, est mécontent de la situation. El méprise la relative passivité de son père et des autres primordieux, qui selon el, lévitent au-dessus de la masse et attendent juste que les choses se fassent. Les élohim sont hyperactifs et désorganisés. Els commentent de nombreuses erreurs couteuses. Les institutions ne suffisent pas à arranger les choses.
Sandalphon fait part de son opinion à ses pairs Fitz. Certains le prennent mal et se brouillent avec le Fitzlum, d’autres admettent qu’el a raison mais lui reprochent de ne pas proposer de solutions. Sandalphon décide de se taire pour réfléchir. El étudie les Grands Chœurs, leur fonctionnement. El réalise que les élohim organisent els-mêmes la logistique et les opérations de leurs chorales. Cela les empêche de se dédier au Grand Dessein et créé du ressentiment, de la jalousie. Leur efficacité est réduite.
Les puissances sont ceux qui s’en sortent le mieux, car leurs esprits sont stables et disciplinés. Els sont le seul chœur contenant des chorales dédiées à la logistique et aux soins des combattants. Els gèrent aussi l’organisation des chorales militantes.
Les dominations, très indépendantes, ont tendance à s’organiser elles-mêmes et la coopération se passe bien. Cependant, leurs égos peuvent créer des conflits. Le plus gênant est qu’els ont tendance à imposer leur leadership aux autres chœurs élohiens et refusent d’obéir aux ordres.
Les séraphins quant à eux, s’organisent en petits groupes qui suivent les ordres émis par les Grands Forger’ailes dans le réseau EL, sans suivre des instructions précises, ce qui cause des erreurs, du travail bâclé ou répétitif.
Les chérubins travaillent en silo, par petit groupe, pour étudier la Création de manière hasardeuse puisqu’els ne suivent même pas forcément d’ordres. Les chérubins ingénieurs sont davantage organisés, car els travaillent souvent avec les puissances pour leur fournir du matériel militaire.
Les trônes utilisent leur esprit de ruche, basé sur le réseau EL, pour s’organiser très efficacement. Cependant els ne le partagent pas avec les autres chœurs
Les principautés et les anges sont très concentrés sur leurs propres planètes ou domaines. Els ne gardent cependant pas trace de leurs accomplissements et ne partagent pas leurs techniques. Els ont un esprit compétitif et veulent faire mieux que leurs mondes voisins.
Il existe aussi de nombreuses maladies affligeant les élohim. Ceux qui en souffrent sont exclus de leurs chorales et parqués dans des nids de charité, gérés par l’Ecclésia. Les plus prévalentes de ces maladies sont :
Fièvre radiante : se caractérise par une hyper-luminosité du halo, une pression ichorine basse, de violents maux de tête
- Assombrie : présente une hypo-luminosité du halo et des problèmes circulatoires du système ichorien
- Déformations des ailes : issues d’une malformation de croissance ou d’une déformation causée par l’usure
- Etherose : incapacité d’un éloha à joindre son esprit au réseau EL due à une structure cérébrale altérée
- Mélancolie : démotivation durable et intense d’un éloha à servir le Grand Dessein
Sandalphon réalise qu’il manque une force structurante pour soutenir et soigner les élohim avec impartialité et réduire leur charge mentale au minimum. El se lance dans des expérimentations en créant une chorale de séraphins dédiée à organiser l’action de leurs pairs. Cependant cela ne se passe pas bien. Les séraphins détestent jouer aux secrétaires ou aux médecins. Els n’ont qu’une passion : le culte d’EL et son feu sacré. Sandalphon se tourne alors vers les puissances, avec l’accord de l’Ordre des Astres, puisque ces dernières ont déjà des chorales logistiques. Cependant, il s’agit là de logistique militaire, qui s’applique mal aux besoins des autres chœurs non militants.
Peu de temps après ces expérimentations, la domination Aliciel remarque les activités de Sandalphon et décide de l’aider, lui prêtant ses capacités divinatoires. El prévoit pour lui une œuvre révolutionnaire. C’est là que Sandalphon a l'idée de créer un nouveau chœur élohien dédié au soutien des autres élohim.
Sandalphon élabore ce nouveau chœur à partir de sa graine de séraphin, gorgée de toute sa volonté et sa miséricorde. Le Primogène décide de baptiser son chœur "vertus", car il reprend toutes les meilleures vertus des chœurs préexistants :
La passion des séraphins : transformée en intelligence et en vivacité. Les vertus ont un esprit très affûté. Els adorent résoudre des problèmes et optimiser les systèmes et organisations.
La force des puissances : transformée en self-control. Les vertus connaissent tout du fonctionnement d’els-mêmes et des autres élohim. Els développent des thaumaturgies pour soigner le corps et l’esprit.
L’empathie des principautés : non plus envers les âmes mais envers les élohim. Les vertus comprennent et ressentent ce que vivent les autres élohim. Els sont ainsi davantage capables de les aider.
L’objectif global des vertus est d’aider les autres élohim, ce qui aidera aussi le Grand Dessein. Sandalphon forme ses premiers fils-vertus et leur enseigne des thaumaturgies qu’on retrouve à l’époque dispersées parmi les autres chœurs élohiens. Les vertus développent ces thaumaturgies qui ont pour but de soigner et booster les élohim, corps et esprit, et de structurer leurs échanges dans le réseau EL.
L’ascension du Primogène (4255)
Sandalphon annonce la création des vertus aux autres Fitz. Les réactions sont polarisées. Les critiques fusent :
Seuls les primordieux ont le droit de créer. Ces derniers ne disent rien mais leurs enfants perçoivent leur malaise face à l’initiative de Sandalphon.
Créer un nouveau choeur élohien demande beaucoup de travail et de ressources. Il faut solliciter de très nombreuses azohim, aménager des nurseries, puis des écoles et bâtir de nouveaux locaux. Ce chantier serait excessif. Il faut prioriser le Grand Dessein aux expérimentations.
Les vertus, déployées dans toutes les chorales des cieux, risquent de créer une ingérence dans les affaires de chacun. Réunies au sein de la Chapelle, les vertus pourraient centraliser des renseignements sur chaque Fitz et exercer une grande influence.
Les Fitz craignent de devenir dépendants du bon vouloir de Sandalphon dans l’attribution des vertus. Els préfèrent contrôler tous les élohim qui les servent. Els se méfient d’Aliciel, qui semble voir les vertus comme une ressource à monnayer.
Face à ces critiques, Sandalphon répond avec passion, mais sans invectiver. El insiste sur la mission altruiste des vertus, leur éducation franche et loyale. El promet à ses frères que les vertus serviront tout le monde de manière égalitaire. Chacun peut participer au développement des vertus, en toute transparence.
Le débat devient si intense qu’une assemblée exceptionnelle des Fitz est finalement ordonnée par le Porteur de Lumière el-même. Après les débats, les Fitz votent. La création des vertus est acceptée. Les premières chorales sont déployées.
Les primordieux, d'abord dubitatifs à l'idée qu'un éloha fonde un chœur, changent vite d'avis en voyant les capacités des vertus, mises à l’épreuve dans le cadre de nouvelles expérimentations à partir de 4100. Après une période de méfiance, le génie de Sandalphon est admiré de tous car très vite, le déploiement des vertus porte ses fruits. Les puissances, soignées à même le ciel de bataille, deviennent beaucoup plus durables et redoutables. Le reste des élohim profite de l'esprit affûté des vertus, qui permet d'optimiser toutes leurs activités. En quelques centaines de cycles, presque toutes les chorales élohiennes adoptent les vertus.
Suite à la création des vertus, Sandalphon est élevé au rang de primordieu honorifique, aussi appelé Primogène. Cette consécration déséquilibre les jeux de pouvoirs entre les primordieux et leurs enfants. Les Fitz revoient leurs ambitions à la hausse lorsqu’els réalisent qu’els aussi ont les moyens de modifier la graine lumineuse de leurs parents pour créer leurs propres chœurs. Ainsi, les Fitz mènent en secret des expérimentations, chacun de leur coté. Cependant, rien de concret n'aboutira à temps pour la Seconde Brisure.
La Chapelle des vertus (4260)
Après son élévation au rang de Primogène, Sandalphon installe ses quartiers généraux dans son royaume d’origine : Hod, dans son domaine d’Ined, deuxième plus grande cité élohienne du royaume. Avec ses épouses azohim, el donne naissance à d’innombrables lignées de vertus. Ces dernières sont éduquées puis déployées au sein d’une organisation appelée la Chapelle.
La Chapelle prend en charge les jeunes vertus dès l’âge de six ans. Là, des vertus professeurs apprennent aux jeunes enfants à développer leur génie inné, transmit dans leur graine par Sandalphon. Les vertus ont des esprits très vifs, affamés de challenges intellectuels à surpasser, mais aussi traversés par de puissantes émotions. La méthode éducationnelle de Sandalphon vise à développer et canaliser le génie de ses enfants, notamment au travers des jeux d’esprit, des mathématiques, de la logique. Les vertus les plus empathiques sont spécialement guidées pour développer leurs compétences relationnelles, maitriser leurs propres émotions et comprendre celles des autres. Ainsi, deux branches se forment naturellement dans la Chapelle, l’une dédiée à la gestion, l’autre à la médecine.
La conquête de Hod (4315)
La population des vertus, notamment à Hod, grandit exponentiellement durant le 5ème millénaire. Si bien que, comme beaucoup d’y attendaient, Sandalphon finit par réclamer le trône de Hod, dans l’objectif de dédier de royaume aux vertus. L'Ecclésia accuse alors Sandalphon d'hérésie, le mettant dans la même catégorie que les Usurp'ailes. Les primordieux se réunissent alors et décident d’accepter la demande de Sandalphon. Cette décision, pourtant inévitable, déclenche un tollé dans le royaume. Mercurion, séraphin roi de Hod, refuse de quitter son trône pour Kether, où le Porteur de Lumière lui demande pourtant de rejoindre son frère Palas.
Une tension immense s’empare de la population de Hod. Séraphins et vertus s’opposent, se chassent, s’approchant dangereusement d’une guerre civile. Mercurion se barricade dans le sanctuaire de Kokab. Primordieux et nobl’ailes défilent devant l’édifice pour convaincre le roi de céder son royaume. Mais rien y fait. Le Porteur de Lumière el-même finit par venir visiter son fils. Après leur entretien, le comportement de
Mercurion change drastiquement. Le souverain sort de son sanctuaire et part dans le désert hodien, accompagné par ses fidèles séraphins. Là, el se plonge dans un fleuve de mercure et s’y fond. Ses fidèles, confus, attendent son retour. Mais ce dernier ne vient pas. Le fleuve de mercure se gonfle et s’étend alors. Une inondation jamais vue couvre le désert et se rapproche de Kokab. En quelques jours à peine, un tsunami de mercure dévaste la cité. Les élohim affolés s’enfuient comme els peuvent alors que les couloirs aériens sont rendus impraticables par le mercure et son écume. Des milliards d’élohim sont engloutis. Les Primordieux eux-mêmes tentent d’arrêter la crue. Ce sont finalement les trônes qui sauvent Kokab, usant de leurs pouvoirs pour tordre l’espace-temps et stopper l’inondation.
Alors que l’océan de mercure recule vers les profondeurs de Hod, les élohim précédemment engloutis sont retrouvés sains et saufs, au grand soulagement de tous. Mais les vertus parmi ces élohim ont changé. Leurs corps se sont transformés, devant eux mêmes du mercure liquide. Cette étrange mutation leur donne alors un pouvoir physique accru et de nouvelles capacités thaumaturgiques que va exploiter Sandalphon.
L’âge d’or des vertus (5000-6665)
Sous l’impulsion des vertus, le royaume de Hod devient le centre névralgique de l’intellect, du langage et de la connaissance. Les vertus font de Hod bien plus qu’un territoire : elles en font un symbole de la pensée et de la communication. Leur génie combine la rigueur logique à l’art délicat du Tissage, mêlant architecture, science et spiritualité en un même geste.
Les chapelles de savoir construites dans chaque cité et ouvertes à tous, servent à la fois de bibliothèques, d’universités et de centres de recherche. Là, on enseigne les sciences lumineuses, l’art du Tissage, la médecine sacrée et les mystères du Feu Sacré. Les archives tissées : des réseaux lumineux, maintenus par des chorales entières, relient chaque chapelle et garantissaient un accès instantané à des siècles de données, de cartes, de traités et d’analyses.
Portées par leur hyperanalyse et leur maîtrise du Tissage, les vertus mènent la thaumaturgie à un sommet jamais atteint. Les thaums médicales transforment la médecine : guérisons instantanées, réparation de halos endommagés, soins sur de vastes populations. Les thaums industrielles ouvrent la voie à une ère d’industrialisation contrôlée, où production et logistique atteignirent une efficacité sans précédent. Les thaums de transport, dont la légendaire thaum téléportative inventée par Chakra Varti, réduisirent les distances entre les mondes et facilitèrent la coordination.
Les vertus ne limitent pas leurs découvertes à leur royaume : elles diffusent leurs innovations dans toute la Création, considérant le savoir comme un bien sacré à partager. À mesure que leur science et leurs arts se répandent, les vertus deviennent indispensables à tous les chœurs. Peu à peu, la présence des vertus devint un signe de prospérité et de stabilité. Là où elles s’établissaient, l’ordre et la lumière s’installaient.
La Chute de Hod – Les Vertus dans la Seconde Brisure (6665)
En 6666, la Création chancelle. Les armées démoniaques, déversées par un Abysse déchainé, s’abattent sur les royaumes comme une marée d’ombre. Hod, bastion de l’intellect et du langage, est frappé en plein cœur. Les cieux violets de la Séphira se zèbrent de fissures sombres, et dans leur sillage, les vents corrompus hurlent à travers les chapelles de savoir.
L’assaut des ténèbres
Les vertus, surprises par l’ampleur de l’invasion, réagissent avec la précision et la discipline qui font leur force. Les réseaux de Tissage s’étendent à travers tout Hod, reliant cités et bastions, relayant ordres et appels à l’aide.
Des dômes lumineux couvrent les dernières places fortes, filtrant les traits empoisonnés des démons et ralentissant leurs assauts. Un Réseaux EL d’urgence, maillage d’esprit à esprit coordonne l’évacuation des civils, transmet en temps réel la position ennemie et repère les routes encore praticables. Au milieu du carnage, les soignants referment les halos fendus et stabilisent les blessés sans relâche. Mais l’ennemi n’est pas seulement rapide : il corrompt tout ce qu’il touche. Chaque filet tissé doit être purifié en continu, chaque réseau réajusté pour éviter qu’il ne devienne un canal d’intrusion démoniaque.
La résistance désespérée
La Résistance des vertus est mise à l’épreuve comme jamais auparavant. Elles maintiennent leurs filets tendus des jours entiers, parfois jusqu’à l’effondrement. L’hyperanalyse, saturée par des flux de données chaotiques, fonctionne à la limite de ses capacités. Pourtant, elles tiennent leurs positions assez longtemps pour permettre à des centaines de milliers d’élohim de fuir.
Certains groupes de vertus, armés de filets tranchants et de thaums explosives, choisissent de harceler l’ennemi pour ralentir son avancée. Ces commandos ne reviennent souvent pas, mais leur sacrifice offre des heures précieuses aux convois d’évacuation.
La chute des chapelles
L’un après l’autre, les joyaux de l’âge d’or s’éteignent. Les chapelles de savoir, autrefois foyers de lumière et de pensée, sont englouties par les ténèbres, s’effondrent sous les assauts démoniaques. Les archives tissées se déchirent comme des toiles trop tendues, des siècles de connaissances disparaissant en un souffle.
L’exode et le rôle de Sandalphon
Au centre de cette tempête se tient Sandalphon, primogène des vertus. Sa voix résonne à travers tous les réseaux encore debout, guidant ses chorales avec une autorité implacable. Sous sa direction des convois de réfugiés sont escortés hors de Hod, protégés par des barrières mobiles tissées autour d’eux. Les fragments survivants des archives de l’âge d’or sont extraits et sauvegardés dans des modules lumineux scellés, portés par les vertus les plus résistantes. Une partie des chorales spécialisées dans le Tissage de réseaux est réaffectée au transport et au camouflage des savoirs. Grâce à cette coordination, une relative grande quantité de vertus survit, un exploit rare, car peu de chœurs parviennent à préserver autant de leurs membres.
Après la tempête
Lorsque le tumulte se calme, Hod n’est plus qu’un royaume fracturé. Les villes, autrefois éclatantes de lumière, reposent sous une poussière grise. Les chapelles ne sont plus que des ruines ouvertes aux vents corrompus. Mais au-delà de la dévastation, un filet invisible persiste : celui que Sandalphon et ses vertus ont réussi à tendre autour des survivants et des savoirs rescapés.
Ce filet n’est plus une toile couvrant toute la Création, mais un germe. Et dans les ténèbres qui suivent la Seconde Brisure, il sert de base à la lente reconstruction du savoir élohien.
La Reconstruction après la Seconde Brisure
Après la frappe de Atik Yomin, les armées démoniaques se retirent, mais la Création n’est plus qu’un corps brisé. Les Séphiroth portent encore les cicatrices de la Seconde Brisure : cités éventrées, routes stellaires effondrées, populations dispersées et royaumes plongés dans un isolement étouffant.
Au milieu de ce chaos, les vertus se révèlent être le chœur le plus structuré et organisé. Sous la direction de Sandalphon, elles ne s’abandonnent ni au désespoir ni à la lutte pour le pouvoir qui agite les autres chœurs survivants. Leur objectif est clair : restaurer le lien.
Un rôle de médiatrices indispensables
Dans une Création ravagée, les survivants élohiens se disputent territoires, ressources et légitimité. Les conflits éclatent entre royaumes affaiblis, chaque faction cherchant à asseoir son autorité sur les ruines des anciennes structures.
Les vertus choisissent de se placer au-dessus de ces querelles. Elles deviennent médiatrices, garantes de la circulation de l’information et de la logistique. Personne n’ose les persécuter ou les exclure : leur absence signifierait l’effondrement total des communications et de l’approvisionnement.
Les vertus déploient leurs filets à travers les Séphiroth, reconnectant bastions isolés et colonies perdues.
- Réseaux de communication : rétablissement du réseau EL local et inter-sphères, permettant aux dirigeants de renouer le dialogue et aux armées de coordonner leur défense.
- Réseaux logistiques : acheminement de vivres, d’armes, de matériaux de reconstruction, avec une précision et une rapidité inégalées.
- Thaumaturgie d’urgence : création en masse de thaums médicales et industrielles pour soigner, stabiliser et rebâtir.
Grâce à elles, les royaumes se reconnectent, et même le Grand Architecte, confiné dans le Palais d’Argent depuis le début de la crise, parvient à reprendre contact avec son peuple.
Les limites de leur portée
Malgré leurs efforts, certaines blessures de la Création restent béantes. L’Abysse, fracture infranchissable, sépare toujours les royaumes supérieurs des royaumes inférieurs. Aucun filet, aucune thaum, aucun réseau lumineux ne peut franchir cette déchirure. Les vertus peuvent seulement maintenir un équilibre précaire de chaque côté, en attendant qu’un autre pouvoir rende possible la réunification.
Sans les vertus, les Cieux se seraient morcelés en une mosaïque de royaumes isolés, condamnés à s’éteindre dans l’oubli. Mais leur patience, leur organisation et leur art du Tissage tiennent la Création sur un fil. Dans les mémoires, on dira que, lorsque tout sombrait, elles ont été les tisseuses de l’espoir, liant les fragments dispersés du monde pour qu’il ne se défasse pas entièrement.
Le réunification des royaumes (8890)
La Réunification des Royaumes
Après la Seconde Brisure, l’Abysse demeure pendant des siècles une barrière infranchissable, coupant les royaumes inférieurs des royaumes supérieurs. Les communications ne sont plus que de rares échos et rumeurs portés par des voies incertaines, et chaque moitié de la Création se reconstruit selon ses propres règles, souvent en méfiance totale envers l’autre.
Lorsque les premières routes sûres réapparaissent, c’est un monde profondément divisé qui se retrouve face à lui-même. Les rancunes sont vives, et les visions de l’avenir divergent. Les vertus, rationnelles et méthodiques, prônent un retour à l’ordre par la logique et l’organisation, ce qui les place rapidement en opposition idéologique avec les séraphins, porteurs d’une spiritualité ardente et passionnée, parfois jugée imprudente. Les tensions sont vives : les séraphins reprochent aux vertus leur froideur, tandis que les vertus accusent les séraphins de céder trop facilement aux élans émotionnels qui avaient déjà mené à des catastrophes.
Le rôle crucial des vertus
Dans ce contexte fragile, Sandalphon et ses chorales se placent en médiatrices. Leur rôle est décisif : aucun autre chœur ne possède à la fois la neutralité politique, la structure organisationnelle et les réseaux logistiques nécessaires pour orchestrer de véritables pourparlers inter-sphères. Leur approche pragmatique permet de contenir les débordements, même lorsque les débats frôlent l’explosion.
Les préliminaires diplomatiques
Les vertus rétablissent d’abord un réseau EL expérimental à travers l’Abysse, non pas pour le transport physique, mais pour permettre une communication stable entre les dirigeants des deux hémisphères. Ce réseau, purifié en permanence pour éviter toute intrusion démoniaque, devient la colonne vertébrale des négociations.
Pendant plusieurs décennies, des délégations élohiennes se rencontrent dans des stations neutres, sous la protection stricte de chorales de vertus. Aucun acte d’agression n’y est toléré. Les vertus y contrôlent l’environnement, garantissent la sécurité des archives et veillent à ce que chaque mot prononcé soit enregistré et transmis fidèlement à toutes les parties, réduisant les risques de malentendus ou de manipulations.
Les traités d’Azapof et de Sobilau
Les réseaux des vertus sont déterminants dans la conclusion des traités d’Azapof et de Sobilau. Azapof établit les règles de gouvernance et la répartition des pouvoirs entre les royaumes. Sobilau fixe la distribution des partzufim, avec des protocoles clairs pour éviter leur concentration abusive.
Ces accords ne sont pas obtenus sans heurts : les séraphins jugent certaines clauses trop restrictives, tandis que d’autres chœurs accusent les vertus d’imposer un cadre trop rigide. Mais, malgré ces critiques, les traités sont signés, car tous savent qu’un refus mènerait à la reprise des hostilités.
La réunification accomplie
Fruit de décennies d’efforts, cette réunification permet aux royaumes de se reconnecter politiquement et économiquement. Les réseaux logistiques tissés par les vertus reprennent leur pleine extension, les échanges de ressources et de savoir affluent, et les flux de population franchissent à nouveau l’Abysse.
Ce succès diplomatique renforce considérablement le prestige de Sandalphon et de son chœur. Leur capacité à relier non seulement les réseaux de lumière, mais aussi des peuples aux visions opposées, prépare le terrain pour la prochaine grande entreprise du primogène : la croisade vers Malkouth.
La Croisade du Primogène (9000-10000)
En 9000, après des siècles à maintenir l’équilibre fragile des royaumes, Sandalphon, primogène des vertus, tourne son regard vers Malkouth. Cette Séphira inférieure, berceau des mondes-fertiles, a été presque entièrement perdue lors de la Seconde Brisure. Ses plaines verdoyantes et ses océans abondants, jadis grenier et berceau de vie pour la Création, sont désormais recouverts par les ténèbres et l’oubli.
Sandalphon lance alors une croisade : reconquérir ces mondes, les purifier et rétablir la fertilité qui faisait autrefois de Malkouth la base matérielle de tous les royaumes.
Les vertus deviennent l’épine dorsale des flottes expéditionnaires. Sans elles, aucune campagne ne pourrait être menée sur un territoire aussi hostile et distant.
- Coordination inter-flottes : grâce au Tissage de réseaux EL, elles maintiennent une communication instantanée entre les escadres dispersées à travers le vaste espace malkouthien.
- Logistique : elles assurent l’acheminement précis des vivres, munitions, matériaux de construction et troupes, même à travers des zones gravitationnelles instables ou corrompues.
- Soutien médical et technique : elles déploient sur place des thaums thérapeutiques et industrielles, permettant de soigner les blessés et de bâtir des avant-postes sur des mondes à peine sécurisés.
- Reconquête environnementale : certaines chorales spécialisées utilisent le Tissage pour aider les anges à purifier les atmosphères, rétablir la fertilité des sols et stimuler la croissance des écosystèmes.
Sandalphon el-même supervise ces opérations, tissant ses ordres à travers des réseaux si vastes qu’ils couvrent plusieurs systèmes stellaires.
Mais Au plus fort de la croisade, un événement énigmatique survient. Sandalphon est retrouvé inconscient, son halo intact mais figé, comme plongé dans un coma immobile. Aucune thaum, aucun soin, aucune analyse hyperanalytique ne parvient à le réveiller. Le primogène est rapatrié à Eden, placé dans une chambre de stase au cœur d’une chapelle spéciale, où ses disciples veillent jour et nuit.
Privées de leur guide, les vertus ne s’effondrent pas. Leur structure disciplinée leur permet de continuer la croisade et de maintenir l’héritage du primogène. Elles perpétuent ses méthodes logistiques et stratégiques. Elles poursuivent la reconquête progressive de Malkouth, bien que le rythme soit ralenti sans sa direction inspirée. Elles maintiennent la stabilité des royaumes, refusant de se laisser happer par les conflits politiques qui reprennent lentement.
Et surtout, elles attendent. Dans les chapelles de Hod reconstruites, les vertus entretiennent un espoir discret mais solide : que Sandalphon revienne un jour, reprenne sa place au sommet du réseau, et guide à nouveau la Création avec son génie et sa voix claire.
Les Vertus au cycle 14000
Quatorze millénaires après la Création, les Cieux sont à nouveau au bord du gouffre. Les hordes titanesques, nées des tréfonds de l’Abysse et des fractures oubliées, déferlent sur les Séphiroth. Elles écrasent forteresses et flottes, ravagent des mondes entiers, et la rumeur d’une Troisième Brisure circule déjà comme une ombre avant l’orage.
Au cœur de cette tourmente, les vertus ne faiblissent pas. Fidèles à leur rôle ancestral, elles se tiennent là où la cohésion menace de céder. Leur mission n’est pas d’être en première ligne du combat; et pourtant, sans elles, aucune ligne ne tiendrait.
Dans chaque royaume assiégé, dans chaque bastion isolé, un filet invisible palpite. Même dans l’urgence, les vertus n’oublient pas que leur œuvre s’inscrit dans le Grand Dessein : la reconstruction ultime du Créateur.
Des chorales entières travaillent en arrière-plan pour préserver les données, les archives et les savoirs accumulés, afin que rien ne soit perdu, même si une nouvelle Brisure frappait. Elles développent des thaumaturgies de crise, capables de maintenir en vie des mondes entiers sous blocus ou d’ériger des défenses énergétiques capables de résister aux monstres de l’Abysse. Elles assurent la continuité des réseaux inter-sphères, car un royaume coupé des autres est un royaume condamné.
L’héritage de Sandalphon
Bien que leur primogène demeure plongé dans son mystérieux coma depuis la Croisade de Malkouth, les vertus contemporaines se réclament toujours de son héritage. Elles perpétuent ses méthodes :
- Neutralité dans les querelles politiques pour rester le lien entre tous.
- Organisation stricte, chaque chorale sachant exactement son rôle et ses priorités.
- Refus de céder au désespoir, même lorsque tout semble perdu.
Chaque jour, les vertus tissent comme si la Création dépendait du prochain fil, et peut-être est-ce le cas. Les hordes titanesques forcent leurs réseaux à la limite de la rupture, mais elles tiennent bon.
Dans les chapelles encore debout, on raconte que si la Troisième Brisure venait à frapper, ce seraient les vertus qui décideraient si le monde sombre dans le chaos… ou si, une fois encore, un filet invisible parvient à tout retenir.